Los Angeles ou la fin d'une étape

Publié le par loulenvoyage

Vendredi 4 mars : nous avons quitté Clorinda mercredi dernier. Nous étions encore ce matin à Salta, et nous sommes ce soir à Cafayate. Entre temps, nous avons emprunté une petite route de montagnes et de vallées qui nous en a mis plein les yeux tout au long de la journée.

 

Le 10 janvier dernier, nous arrivions à Los Angeles. Pablo, qui avait accepté notre requête sur Couchsurfing.com, était venu nous chercher à la gare de bus avec une amie, Leticia. On monta dans sa voiture, une BMW grise, et il nous mena dans la grande résidence où il habitait. Quand il poussa la porte de son immense appartement et nous fit pénétrer dans le salon, on s'aperçut qu'un matelas et des couvertures avaient été préparés pour nous. Il nous fit assoir à une table, nous posa quelques ques101 2097tions et nous prépara en quelques minutes un itinéraire sur mesure pour le lendemain. Pablo a été pour nous un hôte parfait. Je me suis maintes fois interrogé sur les motivations d'un tel accueil. Je n'ai trouvé comme réponse que le plaisir désintéressé de rencontrer des gens pour partager avec eux un court instant de convivialité. Originaire de Buenos Aires, Pablo était impressionnant du haut de ses deux mètres bien tassés. Il avait étudié à San Francisco et avait déménagé à Los Angeles pour travailler dans l'industrie cinématographique. Il officiait depuis six mois chez Universal. Sa mission principale consistait à mesurer la viabilité économique d'un film selon son support o u son pays de diffusion. Seul dans cette grande ville qu'il ne connaissait pas très bien, il s'était donné comme objectif d'accueillir chez lui des étrangers pour animer son réseau social. Lui-même n'avait jamais « coachsurfé », mais il aimait prendre soin de ses invités et, quand il avait le temps, leur faire visiter Los Angeles. Le lendemain, avant de rejoindre son bureau, il fit un détour par le Griffith Park et nous déposa au sommet, juste devant l'Observatoire. Peu après son départ, une vive dispute éclata entre Fanchon et moi. Persuadé d'avoir emporté le guide de Californie qui contenait toutes les informations sur le parcours que Pablo nous avait préparé, je me rendis compte, sur place, m'être consiencieusement chargé du Routard du... Brésil. Je tentais de calmer la situation, d'autant plus gênante que de nombreux passants nous regardaient nous expliquer à voix haute. Nous n'avions pas petit-déjeuné; nous étions en hypoglycémie et cela ne facilitait pas les choses. Malheureusement, l'Observatoire était fermé et pas une boutique ne se trouvait dans les alentours. Un camion était en train de décharger des cartons de boissons. J'allai trouver le chauffeur, lui expliquai que ma copine se sentait mal, qu'elle avait besoin de sucre, et il nous donna un gateau à la canelle qu'on partagea en se réconcilliant. On put alors monter à l'assaut des collines et s'approcher du signe Hollywood, ces grandes lettres mondialement connues, mais dont peu de gens savent qu'elles étaient au départ l'instrument d'une campagne de publicité immobilière. Après avoir contemplé la ville du haut de son sommet de verdure, on se dirigea vers la sortie du parc où l'on trouva un petit café à ciel ouvert. Là, on passa une trentaine de minutes à jouer à puissance 4 tout en savourant un café censé nous délivrer de notre torpeur. Puis on reprit notre route vers Hollywood Boulevard pour y admirer ses trottoirs pavés d'étoiles, ses musées, ses boutiques d'affiches et ses cinémas illustres : le Grauman's Chinese Theatre, le Kodak Theatre...


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J'avais très envie de pisser, on s'arrêta prendre un café dans un petit bar où Clint Eastwood avait tourné une scène de « Million dollar baby ». Pablo nous avait prêté l'une de ses cartes qui se vendent à Los Angeles à l'aide desquelles on peut organiser son itinéraire pour passer devant telle maison de stars, tels lieux de crime ou de scandale... On se mit en quête de la maison qui avait servi de décor à « What ever happened to Baby Jane? », un film de 1962 que nous avions tous deux vu et adoré, mais la batisse s'avèra trop loin et nous fîmes demi-tour pour rejoindre Beverly Hills. 101 2156Au milieu des cyprès, des grandes maisons blanches surprotégées et des pelouses tondues à la perfection, on fut témoin d'une injustice. Une série de voitures à l'arrêt klaxonaient. On ne parvint à comprendre la raison qu'au moment où l'on vit un « homeless » sortir de la pénombre. Il traînait deux énormes sacs et paraissait prendre la fuite vers on ne sait où. Une femme au volant s'assura que l'homme s'éloignait, puis elle prit son téléphone portable et passa un appel. Il nous sembla qu'elle appelait la police. Ce petit incident acheva de ternir notre promenade nocturne : on quitta Bervely Hills et ses bâtisses imprenables pour rejoindre Pablo chez lui. Nous lui avions promis un dîner. On passa au supermarché acheter une bouteille de vin et de quoi préparer un gratin et des poires au chocolat. La soirée se passa à merveille, on aborda de très nombreux sujets. Nous lui parlâmes de notre expérience dans la Death Valley et lui nous raconta comment il s'était perdu plusieurs jours dans le Nord de l'Argentine et comment il s'était retrouvé un pistolet sur la tempe au Brésil. Nous lui dîmes aurevoir le lendemain matin, quand il partit au travail. On resta quelque temps chez lui, puis on claqua la porte, nos sacs sur le dos, pour nous rendre d'abord à Santa Monica, puis à Venice Beach. On y passa une bonne partie de l'après-midi, tantôt assis devant l'océan, regardant les skaters réaliser des figures acrobatiques, tantôt marchant le long de la plage ou des canaux, observant les excentriques se donnant en spectacle. L'un faisait de la musculation en string, un autre jouait de la guitare perché sur des rollers, un autre enfin vantait les vertues thérapeutiques du cannabis... Je me souviens de m'être dit que, dans quelques heures, nous serions à Cuba. C'était tout de même la classe! J'étais loin d'imaginer ce qu'il nous en coûterait...

 

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Los Angeles est assurément la cité du cinéma. Il n'est pas un recoin de la ville qui ne posséde son anecdote liée à l'histoire du grand écran. Bien entendu, la retenue des stars en noir et blanc n'a plus lieu d'être et la ville, derrière son dynamisme intense, laisse deviner que le cinéma est avant tout, plus qu'une industrie, une manne financière. L'immense espace urbain n'en est pas moins agréable à parcourir, à pied comme en bus, et l'on reste surpris de constater combien la vedure qui surplombe la ville est vivace, voire sauvage.

Publié dans Etats-Unis

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